Picasso

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Ce mardi, nous sommes tous allés visiter le Museu Picasso de Barcelona qui se trouvait à 15 minutes de l’hôtel Itaca. Après avoir traversé les anciennes rues étroites de la vieille ville, admiré une cathédrale, être ému par une dame qui chantait Ave Maria (bon, peut-être juste moi) et avoir visité quelques boutiques, on rentre dans le musée. La charmante guide française, d’une belle voix douce, nous amène découvrir les principales œuvres qui s’y retrouvent. Je dois avouer que je n’étais pas un grand fan de Picasso, mais jamais je n’aurais imaginé que ses œuvres m’auraient fait une telle impression.

Le Museu Picasso de Barcelona, ouvert au public depuis 1963, est la référence par excellence pour découvrir à travers ses œuvres, les années de formation du jeune Picasso qui était, sans exagération, un prodige de l’art. Sachant bien que je n’aimais initialement pas trop Picasso, je me suis donné comme objectif d’apprécier ses œuvres en portant un regard sans jugement tout en essayant de comprendre l’essence de son message, son style et sa personnalité. Dès ses premiers œuvres, ma réaction a été plus que surprenante. Bizarrement, j’ai été très ému de voir ses trois autoportraits qui montraient un Picasso différent à chaque fois et celui de son père, qui semblait, sous le pinceau de son fils, un homme sévère et dur, mais digne de respect. Picasso commença à peindre à un très jeune âge, fortement encouragé par son père qui lui enseignait à l’École de la Llotja. Cette vieille école se retrouve à distance de marche de l’hôtel.

La guide nous a montré les œuvres le plus importantes du musée, celles qui viendront mieux expliquer la démarche artistique et la personnalité de Picasso. À seize ans, il peint Science et Charité, œuvre qui m’a beaucoup impressionné par sa maîtrise totale des formes, couleurs, composition et atmosphère. L’œuvre est colossale et on n’a aucun choix que d’être rempli d’une grande humilité, mais surtout d’une grande fascination. On ressent la maturité artistique du jeune Picasso comme une énorme vague qui nous éclabousse. Toutes ses œuvres, d’une manière ou d’une autre, ont eu ce même effet. C’est là que j’ai réellement compris qu’il y a une différence énorme entre voir une photo d’une œuvre sur Google et la version originale, devant soi.

Tout au long des œuvres qui nous sont montrées, on comprend que Picasso peignait avec beaucoup d’autorité ses conflits. Je dois avouer qu’il m’a prit beaucoup d’attention et de réflexion pour m’assurer que ses conflits ne deviennent pas les miens tellement ses œuvres venaient se mélanger avec ma réalité et mes propres conflits. Une œuvre ne peut totalement avoir du sens que si l’on s’abandonne à ses propres interprétations subjectives qui sont  à la base de qui nous sommes. Les grands artistes, tous à leur manière, nous transportent dans un monde visuel qui reflète notre humanité. Ils nous provoquent, nous forcent à se questionner sur nos intentions, nos rêves, nos batailles, nos échecs, etc. Ils viennent dans notre fort intérieur et y laissent une part d’eux en nous. Une part qui, d’ailleurs, ne pourra plus jamais être dissociée de qui on est. Ils viennent, avec leur créativité et leur vision, engager une discussion très personnelle avec notre âme. Évidemment, il faut les laisser faire. Il faut observer les œuvres et surtout être à l’écoute de ce qu’elles nous évoquent comme pensées, sensations et émotions. Je me suis laissé aller dans le monde artistique de Picasso avec la profonde intention de comprendre du mieux que je pouvais ce qu’il vivait, pensait et voulait passer comme message à travers ses œuvres. Picasso, déjà très jeune, doté d’un fort caractère, à toujours voulu faire les choses à sa manière. Il conteste et il défie.  Travaillant et très sérieux, Picasso utilise l’art comme un moyen d’exprimer sa propre humanité qui rejoint la nôtre. Et l’humain a sa grande part de beauté, mais aussi de noirceur. Un périple dans les œuvres de Picasso, c’est un périple avec soi-même, avec sa propre beauté et sa propre noirceur.

Ceci est l’essence des mes pensées après avoir découvert Picasso. Bientôt, par la force des choses, je ne me souviendrai plus des détails visuels de ses œuvres, mais l’essence de mes interprétations sur l’œuvre de Picasso resteront avec moi pour toujours.

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